MEDEF ou le retour des ré-actionnaires Juil12

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MEDEF ou le retour des ré-actionnaires

Ils semblerait que des actionnaires aux réactionnaires il n’y ai qu’un pas. Alors que les ténors de l’UMP, peinent à rendre audibles leurs propositions dans l’opinion, occupés qu’ils sont à battre le rappel des dons ou à démêler leurs dissensions internes, d’autres s’y emploient pour eux. Il s’agit bien sûr des nouveaux Patrons. Ceux auxquels l’élection de Pierre Gattaz à la tête du MEDEF vient de redonner du souffle et de l’entrain. Pour ceux qui ne s’en souviendraient pas,  Le nouveau patron des patrons, n’est autre que le fils d’Yvon Gattaz, président du CNPF, futur MEDEF, de 1981 à 1986. Il semblerait qu’un gouvernement de gauche soit propice à leur ascension.

En 1982, Yvon Gattaz rencontrera le président François Mitterrand à qui il fera part de l’exaspération des chefs d’entreprises : « Les entreprises sont exsangues, il faut stopper les saignées qu’on leur impose pour financer le progrès social » Si en matière de réforme, la PS est souvent taxé d’immobilisme, pour ce qui est des solutions, il apparait que le patronat, n’ait pas changé de disque depuis 45 ans. Hors il y à quelques jours sur les ondes d’une radio national, Pierre Gattaz a déclaré que la France était une entreprise comme une autre, avant de se raviser et de dire qu’il souhaitait qu’elle fût gérée comme une entreprise.

Le 3 juillet, en toute fin de son grand oral d’investiture devant 500 patrons réunis au Palais des congrès, le néo-président s’est laissé aller à une petite confidence de père. « Ma plus jeune fille vient de passer son bac. Son sujet de sciences économiques et sociales était : ‘Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale’… » Et d’ajouter, en justicier d’un patronat malmené : « Comme si, dans notre pays, la cohésion devait nécessairement passer par le conflit contre l’entrepreneur ! » l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) a donc réagit. Hyper vigilante sur la part « sociologique » de cette discipline qu’étudient les 15 % de lycéens de la section ES, l’association a réagi par la voix e sa présidente Marjorie Galy à ce qu’elle estime être l’attaque de trop. Elle reproche autant au patron son effet de manche que son incompréhension du sujet du bac. « M. Gattaz entend une exhortation à la lutte des classes dans un sujet qui fait référence à Simmel et Coser, pour qui les conflits pacifient la société en offrant un exutoire aux tensions ».

Mais le nouvel homme fort du patronat ne s’en est pas tenu là. Il a déclaré entre autre :  »  Je veux que le Medef soit piloté comme une entreprise, avec un management par objectifs. »

  • Objectif numéro 1 : relever l’âge légal de départ en retraite.
  • Objectif numéro deux : en finir avec la durée légale du travail. »  * http://www.lemonde.fr/education/article/2013/07/09/pierre-gattaz-hors-sujet-au-bac-economique_3444633_1473685.html

A peine intronisé, il demande une économie de 100 milliards d’euro de baisses de charges et d’impôts sur cinq ans. « En premier lieu, avoir le courage de faire un transfert sur 5 ans de 50 milliards d’euros de cotisations sociales qui pèsent sur le travail vers des mécanismes de type TVA et CSG, 10 milliards par an. Ensuite, une baisse sur 5 ans aussi des prélèvements obligatoires de l’ordre de 50 milliards d’euros, en impôts divers et taxes qui pèsent sur nos marges. »
Quand on vous répète à longueur de temps que le coût du travail est un frein aux exportations, donc à la balance commerciale de notre pays, vous n’avez plus qu’à le croire. En quelques mois aussi, la problématique de la compétitivité et du coût du travail, a conquis le gouvernement français.

Pour être clair, il convient de différencier les coûts horaires dans le secteur manufacturier, de celui des services. On exporte davantage des produits que des services. Aussi bien les données de Klems que celles de l’US Bureau of Labour Statistics (BLS) montrent que le coût en Allemagne dans le secteur manufacturier est plus important qu’en France. Dans le secteur exposé à la concurrence internationale, il est à noter la même tendance que pour l’économie totale : le coût français a rattrapé le coût allemand dans les années 1980, puis l’effet de la réunification allemande a accru l’écart entre les deux pays. La période de modération salariale des années 2000 a resserré l’intervalle. Cependant, d’après les données, le coût allemand dans le secteur manufacturier était supérieur au coût français de 2,1 euros en 2007. La politique de modération salariale menée outre-Rhin, notamment depuis2003, a certes resserré l’écart entre les deux pays, mais le coût horaire français dans le secteur manufacturier reste inférieur de 2,40 euros à celui de l’Allemagne.
Concernant les performances à l’exportation, les effets structurels sont notables (spécialisation sur les marchés porteurs, insertion des firmes dans la division internationale du travail, recherche et développement, image de marque…) A cela s’ajoute l’appréciation de l’euro, qui a davantage pénalisé la France que l’Allemagne. La surévaluation de l’euro pour la France, et sa sous-évaluation pour l’Allemagne, a eu pour conséquence d’augmenter la dette des entreprises françaises et de comprimer leurs marges, tandis que le phénomène inverse s’opérait outre-Rhin. Ceci n’a toutefois pas empêché les firmes françaises, de continuer à verser des montants de dividendes élevés.
D’ailleurs Contrairement à la prédiction classique, la forte hausse des profits n’a pas engendré une forte hausse des investissements.
Enfin, La baisse de la part des salaires a freiné la consommation des ménages allemands et par là même les importations de biens de consommation… et donc les exportations de ses partenaires commerciaux, dont la France.

Je voudrai illustrer cette comparaison de faits économiques par le résumé d’un reportage vu ce jour aux infos.

Sabella, une entreprise Quimpéroise, conçoit et fabrique des Hydroliennes. Elle a récemment signé à la mi-juin avec Éole génération, la filiale lorientaise de GDF-Suez, un accord d’exploitation Une compétition remportée devant DCNS et Alstom, rien que ça! La Sabella D10» produira de 500 à 800kW permettant d’alimenter 500 à 800 foyers ouessantins. Et le commentateur d’évoquer, qu’avant cet accord, l’entreprise n’avait bénéficié d’aucun concours bancaire.

Cet exemple est criant de la situation en France. Les banques et les grands groupes, font la loi et vampirise les PME et les artisans. Au contraire des Allemands.

Depuis 40 ans les représentants du patronat français réclament des baisses de charges, mais continuent et même augmentent les parts reversées aux actionnaires et aux investisseurs. Enfin l’évasion fiscale fait dorénavant partie intégrante de la gestion des profits.

L’entreprise ne crée des emplois que pour répondre à un besoin. Et c’est dans l’ordre des choses. Et quand Monsieur Gattaz déclare au Figaro que c’est l’entreprise qui sauvera la France, je veux lui répondre que je ne partage pas sa vision du pays. Si pour que la France soit forte, mais ne réponde pas au besoin de français, non merci ! Je ne tiens pas à ce que les entreprises dictent les programmes scolaires. Que l’entreprise gère les hôpitaux comme celui d’Evry. Que nos transports soient privatisés comme le furent les chemins de fer Britanniques. Que les retraités soient obligés de cumuler jusqu’à 3 emplois comme en Allemagne. D’ailleurs les candidats à la présidence du MEDEF n’en étaient pas à une outrance près. Geoffroy Roux de Bézieux avait confié dans une interview au site web du magazine Challenge : « Il faut se poser la question des mini-jobs en France ».  Mini jobs késako ?
C’est une invention allemande qu’on doit au gouvernement de Gerhard Schröder. Ils font partie des lois Hartz. « Soutien aux emplois faiblement rémunérés – Mini-Jobs  < 400 € et Midi-Jobs 400-800 € via des exonérations de cotisations salariales. L’Expansion, en décembre 2012, expliquait l’effet pervers des mini jobs :  » (…) Dans plusieurs secteurs comme la restauration, les « minijobs » ont pris la place de vrais emplois soumis aux charges sociales (…) l’Agence allemande pour l’emploi recense 7,4 millions de contrats de travail de ce type (…) » au point que, la fédération allemande des services, et de critiquer :  » (…) l’utilisation abusive de ce type de contrat, dans le commerce de détail notamment, qui s’en sert pour remplacer les contrats traditionnels à temps partiel (…) » Des contrats à temps partiel, qui permettent aux employeurs d’être exonérés de charges mais prive ses bénéficiaires d’assurance maladie et travail. Ils n’ouvrent aucun droit à la retraite ou aux allocations chômage. Certaines entreprises ont voulu tirer profit du système, privilégiant, par exemple, deux ou trois mini-jobs, fiscalement neutres, à l’embauche d’un salarié en plein-temps (…).
http://www.paperblog.fr/6427324/chomage-au-medef-on-aime-l-idee-des-mini-jobs/
Mais je suis certains qu’aucun adhérant du syndicat patronal ne penserait, un seul instant, à de telle solution.

Enfin que dire des salaires des grands patrons. Carlos Ghosn ou Philippe Varin peuvent aller se rhabiller, ils viennent d’être dépassés dans la « démagogie salariale » par Martin Winterkorn, patron de la marque Volkswagen. En effet, malgré de bons résultats qui auraient dû faire grimper sa rémunération à la hauteur de 20 millions d’euros, Winterkorn a décidé de limiter cette dernière à 14 petits millions d’euros. En Allemagne, bien plus qu’en France, les salaires des grands patrons font débat. La chancelière réfléchit donc à un encadrement des gros salaires, tout comme la Suisse qui va bientôt avoir une votation (scrutin d’initiative populaire) pour se prononcer sur les rémunérations dites « abusives ». Pendant ce temps-là il semble que l’on doive se contenter d’annonces et d’effets de manche de ce côté-ci de la frontière. Comme quoi la culture n’est pas la seule exception française.
Et d’évoquer pour finir cette liste non exhaustive, le coût du capital tel que je le décris dans mon article du 30 juin : http://lepigiste.fr/il-faut-baisser-le-cout-du-capital/

 À Aix, ce week-end, dans la presse nationale, neuf grands patrons ont sorti la grosse artillerie. Pour relancer notre économie, ils veulent « massivement » transférer les charges sociales sur la consommation (en gros augmenter la TVA), assouplir le temps de travail, reculer l’âge de la retraite, revoir les modalités d’application de l’assurance chômage… Rien de neuf, certes, mais quand il entend Pierre Gattaz, le même jour, se réclame du dialogue social tout en appelant à une « sanctuarisation » de l’entreprise, je ne peux m’empêcher de penser que la social-démocratie Hollandaise (pour le président pas pour les pays bas !) a encore gagné un allié de poids. A moins que ce soit l’inverse?

Mais ça c’est une autre histoire