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Le changement dans la continuité.
Le changement désigne le passage d’un état à un autre. La continuité exprime le caractère de ce qui est continu ; permanence, persistance. A première vue ces deux définitions semblent bien antinomiques. Mais l’Homme n’est pas à une contradiction près. A croire que l’homo sapiens du XXIeme siècle, du moins dans nos économies, dites développées, n’entend que ce qu’il veut entendre et ne voit que ce qu’il veut voir. Ce qui nous rapprocherait grandement des « trois petits singes ».
En fait quel que soit le type de société, de gouvernance, et dans des domaines aussi divers que le social, la politique, la religion, l’économie, Les intentions affichées divergent tellement des décisions ou des applications, que c’est à se demander si le citoyen lambda, n’est pas devenu complétement aveugle, ou pire, résigné. Je prendrai, dans mon article quelques chiffres pour illustrer mon propos. Néanmoins, je voudrai autant que possible leur conserver un caractère global. Car tel est bien le sens de cette chronique. Ce qui s’applique à quelques faits est, hélas, tout aussi valable dans nombre de cas, pour ne pas dire toujours.
Prenez le principe des vases communicants. Faites passer autant qu’ils peuvent en contenir le contenu de l’un à l’autre. Le poids de l’un variera de l’autre. On peut donc admettre un changement d’état. Pourtant la quantité totale des deux contenants n’aura quant à elle, pas variée. De là à y voir une continuité, ce serait par trop simpliste.
En 2014 le nombre de millionnaires a fortement progressé. La planète compte désormais 34,8 millions de millionnaires, soit 3,8 millions de plus que l’an passé. Le nombre de milliardaires, 2 325 au niveau mondial, a ainsi augmenté de 7 % par rapport à 2013. La moitié de la population détient moins de 1% de la richesse mondiale… mais le décile le plus riche de la population concentre 87% de cette richesse. Il y aura eu 181 milliardaires de plus en 2014. La richesse cumulée de ces ultra-riches atteint désormais 7.050 milliards de dollars. Et c’est là que nos vases communicants réapparaissent. Car si le nombre des ultra- riches et des « un peu moins riches » a augmenté. Celui des pauvres et des « encore plus pauvres » également. Notons au passage que L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avait estimé en octobre dernier que « l’énorme augmentation des inégalités globales de revenus » dans le monde était « l’aspect le plus significatif – et le plus inquiétant – du développement de l’économie mondiale au cours des 200 dernières années ».
Prenons un vieux continent comme le nôtre. L’Europe reste cependant celle qui concentre le plus d’individus ultra fortunés, avec 775 milliardaires. Si leur nombre n’a augmenté que de 1,2 % sur un an, la valeur de leur patrimoine s’est accrue de 12 %, atteignant 2 375 milliards de dollars. Le Vieux Continent a ainsi détrôné l’Amérique du Nord, qui figurait en tête du classement en termes de valeur patrimoniale l’an passé.
Pourtant la lecture de certaines études serait à même de nous rassurer. Le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,25 dollar par jour et par personne) s’est réduit de 1,9 à 1 milliard entre 1981 et 2011. Une évolution d’autant plus positive que dans le même temps la population mondiale est passée de 4,5 à 7 milliards d’individus.
Mais :
- 1,2 milliard de personnes vivent avec l’équivalent de 1,25 dollar ou moins par jour.
- 1,5 milliard de personnes réparties dans 91 pays en voie de développement vivent « en situation de pauvreté marquée par des carences cumulées en matière de santé, d’éducation et de niveau de vie »,
- 800 millions de personnes sont à la lisière de la pauvreté.
Régulièrement, j’entends de la part de mes compatriotes, votants ou pas, des réflexions du genre : les chômeurs ceci, les assistés qui gagnent plus que moi (le compatriote), ou le fraudeur, ou l’émigré, enfin toute cette frange de la population, hors des canons de la normalité. J’ai envie de dire qu’au train où vont les choses, du moins, en ce qui concerne le chômage, la notion de normalité risque fort de devenir toute relative.
Mais au-delà de cette considération, ne serait-il pas juste de remettre les choses en perspective. Notre pays, pour ne prendre que lui, a un PIB qui atteint 2 065,7 milliards d’euros. Pour un budget national d’environ 1 528 Md€ fin 2014. Je demande donc : » Quel proportion représentent tous ces « magouilleurs » ? 5, 10, 15, 30% de la richesse du pays ? Et maintenant mettons en face nos richissimes nationaux. Je rappelle ce que j’ai mentionné plus haut : 2 375 milliards de dollars en richesse cumulée. Alors à votre avis. Cette colère, irrationnelle, mais tellement facile, contre les moins fortunés, résoudra-t-elle les inégalités toujours plus grandes, ou bien, ne serait-il pas évident que certains d’entre nous ne se trompent de cible. Encouragés, il est vrai, par une propagande digne des années 30. Celle qui verra le renforcement des discours populistes, voir fascisant, pour une droite en quête de succès, face à la montée de l’extrême droite.Je vous recommande à ce sujet l’excellent ouvrage de Renaud Dely, pascal Blanchard et Claude Askolovich: « Les années 30 sont de retour« .
Biensûr il ne faudrait pas oublier les chantres du libéralisme. Ils évoluent eux aussi. Et pas toujours pour les meilleurs. Il est courant d’entendre ce message, répété à l’envie : « Ce sont les entreprises qui créent les emplois. Si l’on va par-là, qui les détruisent aussi d’ailleurs. J’ai toujours pensé que c’était la demande qui crée l’offre (quoi qu’avec le marketing, cette notion devienne de plus en plus obsolète !)
Donc si la demande augmente, l’emploi le devrait aussi. Car pardonnez-moi d’avoir la présomption de croire qu’un chef d’entreprise qui a besoin d’un employé, pour réaliser, son produit ou service, ne va sûrement pas en embaucher 2 pour le bien de la communauté.
Mais voilà qu’à présent grâce au site « Contrepoints » on apprend que ce sont les riches, voir les très riches qui créent les emplois : « Les milliardaires sont, si l’on veut, la partie visible de la banquise du succès entrepreneurial : plus de milliardaires, c’est beaucoup plus de millionnaires et ce sont ces millionnaires qui font l’emploi. http://www.contrepoints.org/2014/07/17/172685-enquete-challenges-lemploi-francais-manque-de-milliardaires
L’observatoire des inégalités écrivait dans un article :
« Le principe fondamental selon lequel tous les êtres humains « naissent libres et égaux en droits », c’est-à-dire que « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne est aujourd’hui largement admis (…)». « Si nous accordions la même considération à tous, l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres dans le monde devrait constituer la plus grande source de préoccupation des pays riches, bien plus que leur situation nationale. Doit-on vraiment se battre, par exemple, pour quelques années de travail en moins quand l’immense majorité des travailleurs dans le monde ne savent même pas ce qu’est la retraite ? Les femmes françaises ne seraient-elles pas trop exigeantes au regard de la situation de celles d’Arabie Saoudite ? Est-il pertinent de mettre en avant les inégalités de départ en vacances quand certains n’ont pas accès à l’eau potable ?(…) ».
Les exemples et autres statistiques pour étayer mes propos sont innombrables et proviennent de sources aussi différentes que les institutions, la Banque mondiale, l’OCDE, etc… Aussi à l’heure où la Grèce au travers de SYRIZA tente de résister au seul choix que leurs laissent la troïka (l’alliance de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international) et le FMI. Au moment où l’Espagne semble prête à confier son destin au parti PODEMOS issu du mouvement des indignés. Il n’est peut-être pas utopiste de croire que le changement viendra encore une fois d’en bas, ce qui par analogie pourrait être considéré comme une continuité de l’histoire.